La région de Matam

La région de Matam est créée en 2002 par la loi 2002-02 du 15 février 2002 complétée par le décret 2002–166 du 21 février 2002. Ce changement dans l’architecture administrative a eu pour souci majeur entre autres, l’amélioration de l’offre de services administratifs et techniques de l’Etat. Dix ans après sa création, la région a connu des avancées avérées quasiment dans la plupart des segments de la vie socioéconomique même s’il reste entendu qu’il y a encore des efforts à accomplir dans certains secteurs.

La région partage des limites communes avec Tambacounda (au Sud et au Sud-Est), Kaffrine (au Sud- ouest), Louga (à l’Ouest) et Saint Louis (au Nord). Le fleuve Sénégal qui borde la région sur toute sa partie orientale et septentrionale sur une longueur d’environ 200 Km, constitueun point de jonction avec la République Islamique de Mauritanie et la République du Mali.

La région de Matam couvre une superficie de 29 616 Km2, soit environ 1/7 du Territoire National, ce qui fait d’elle la deuxième région du pays après celle de Tambacounda.

Situation démographique

La population de la région de Matam est estimée à 706 037 habitants en 2019 et 680 086 en 2018. Ces estimations sont basées sur le recensement de 2013 qui avait donné une population de 562 539 habitants. De 2013 à 2014, la population de Matam a connu une augmentation relative de 3,9%, passant de 562 539 habitants à 584 514 habitants. Il faut noter que cette population ne cesse d’augmenter ; elle a été estimée à 706 037 habitants en 2019 contre 680 086 en 2018, soit un taux de croissance de 3,8%. Ces taux de croissance étaient plus faibles durant les années antérieures au RGPHAE de 2013, à l’exception de 2002. En effet, la population s’élevait à 168 575 habitants en 1976 contre 220 221 habitants en 1988, soit un taux de croissance moyen de 2,25% et à 423 915 habitants en 2002, soit un taux de croissance démographique de 4,79%. De 2002 à 2013, le taux de croissance démographique a connu une hausse de 2,61% (des localités ont été ajoutées à l’ancien département de Matam pour former la région en 2002) ; la population passait de 423 915 habitants en 2002 à 562 539 habitants en 2013.

La région de Matam, à l’instar des autres régions du Sénégal, a une pyramide des âges qui a une base élargie et un sommet rétréci (fécondité forte et mortalité élevée) ; ce qui indique une population jeune. Que ce soit du côté des hommes ou de celui des femmes, le constat est que la population âgée de moins de 40 ans représente plus de 80% de la population totale de la région tandis que celle âgée de plus de 60 ans représente moins de 6%.

En effet, sur un total de 335 866 hommes dans la région de Matam, les 289 639 ont moins de 40 ans, soit 86,24% de la population masculine. Chez les femmes, pour une population de 344 221, les 283 775 sont âgées de moins de 40 ans, soit 82,44% de la population féminine. Cette jeunesse de la population témoigne de l’existence d’un fort taux de natalité dans la région de Matam et cela peut être un atout pour son développement si la jeunesse bénéficie d’une formation et/ou d’une éducation de qualité leur permettant de prendre en main la problématique du développement de la localité.

La faiblesse de la population âgée de 60 ans et plus témoigne de la faible espérance de vie à la naissance dans la région. En effet, chez les hommes, il y’a seulement 13 377 personnes âgées de 60 ans et plus, soit 4,0%. Chez les femmes, la population âgée de 60 ans et plus représente 16 242, soit 4,7%. La faiblesse des effectifs au-delà de 60 ans s’explique en partie par le niveau de mortalité encore élevé au-delà de cet âge

EAU ET ASSAINISSEMENT

Les ressources en eau sont abondantes dans la région : les eaux de surface, avec le fleuve Sénégal et les eaux souterraines avec les différentes nappes (très abondantes) représentent un potentiel essentiel pour le développement agricole.

La région de Matam compte un nombre assez important de points d’eau réalisé par l’Etat et les partenaires intervenant dans le secteur. En 2019, la région compte 276 forages motorisés répartis en trois catégories :

• forages avec moteur thermique;
• forages avec groupe électrogène ou raccordé au réseau de la SENELEC;
• forages équipés de système de pompage solaire.

Des efforts importants ont été enregistrés en termes de mise en place d’infrastructures, essentiellement des réseaux de types multi villages qui ont contribué à renforcer les niveaux de desserte. L’approvisionnement en eau potable de la région s’est nettement amélioré depuis 2015 dans la région, que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural. Ainsi, selon les données de la Division régionale de l’Hydraulique (DRH) de Matam, le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural au niveau de la région a progressé de 82% à 86% entre 2015 et 2019. L’amélioration du taux d’accès au niveau de la région s’explique par l’augmentation du nombre de forages qui est passé de 216 en 2015 à 276 forages en 2019, soit une hausse de 27,8%. Malgré cette évolution positive, la région n’a pas encore atteint l’objectif d’accès universel à l’eau potable. Son taux reste aussi inférieur à la moyenne nationale qui est de 87,2%.

Les eaux de surface sont constituées par le fleuve Sénégal (qui longe la région sur environ 200 km à l’est et au nord) et ses principaux défluents que sont le Diamel et le Dioulol. A cela, il faut ajouter de nombreux marigots et mares temporaires ou permanents disséminés dans la région.

Le régime hydrographique du fleuve se caractérise par une saison des hautes eaux (de juillet à octobre) et une saison de basses eaux (de décembre à début juin). Le volume moyen annuel écoulé est estimé à 20,4 milliards de m3 à la station de Bakel.

Les ressources en eaux souterraines de la région sont, dans l’ensemble, abondantes. Les nappes phréatiques se situent entre 08 et 100 mètres de profondeur et produisent une eau de très bonne qualité. Quant à la nappe du Maestrichtien, sa profondeur peut atteindre parfois plus de 400 mètres dans le Ferlo.

Il faut dire qu’au moins 80% des forages de la région captent la nappe du Maestrichtien avec des débits importants.

AGRICULTURE

La région de Matam a contribué à la réalisation de ces performances du PRACAS (Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise). L’agriculture y est d’autant plus importante que cette région ne dispose pas de tissu industriel important, de secteur commercial dynamique, ni d’une filière touristique, à l’image de certaines régions, capables de générer des emplois en suffisance et des revenus consistants pour la population. L’agriculture reste ainsi le premier pourvoyeur d’emploi et de ressources. A cela, s’ajoutent les enjeux de sécurité alimentaire et nutritionnelle. C’est pour cette raison que l’Etat a réservé une part importante des

investissements du PRACAS à la région et que beaucoup de projets et programmes de développement rural y interviennent.

Le potentiel foncier (50 000 ha aménageables) et hydrique (présence du Fleuve Sénégal et de ses défluents (Diamel et Dioulol)) permettent à la région de pratiquer plusieurs systèmes culturaux (Pluvial, irrigué, décru). Les cultures portent sur plusieurs spéculations dont les principales sont : le riz, le maïs, le sorgho, le mil, l’oignon, la pastèque et la patate douce. On note, depuis quelques années, l’émergence de la pomme de terre, principalement dans les SIPA.

Eu égard à l’importance de l’agriculture dans la politique de développement nationale ainsi que dans le tissu économique national et surtout régional, les acteurs intervenant dans ce domaine sont nombreux et diversifiés dans la région de Matam.

La DRDR (la Direction Régionale du Développement Rural) représente le Ministère de l’agriculture au niveau régional. A ce titre, elle a pour mission de suivre l’évolution du secteur agricole, de proposer les éléments de politiques agricoles répondant aux exigences locales et de créer les conditions favorables à la réalisation des objectifs de développement dans la région en collaboration avec les conseillers régionaux et ruraux.

Parmi les services techniques, agences, projets et programmes intervenant dans le secteur agricole dans la région, on peut noter ANCAR, SAED, les Projets et programmes que sont le PRODAM/CSA, le P2RS et le PADAER.

Les infrastructures agricoles sont composées des SIPA et des magasins de stockage. Les SIPA (Sociétés d’Intensification de la Production Agricole) sont mises en place par le PRODAM, afin d’assurer une production agricole compétitive basée sur la maîtrise de l’eau dans la zone du Diéri. Le nom de ces organisations paysannes (sous forme de GIE ou de SARL) est confondu avec celui des périmètres qui leur servent de réceptacle. Il s’agit de périmètres hydro-agricoles équipés de forages et disposant d’un système d’irrigation économe en eau : Goutte à goutte ou pivots. A ce jour, il y en a 28 dans la région.

En ce qui concerne les magasins de stockage, ils sont au nombre de 34. Ils sont répartis comme suit :

• Département de Kanel : 9 magasins,
• Département de Matam : 23 magasins,
• Département de Ranérou : 2 magasins.

Pour les équipements agricoles, on note les semoirs, les houes Sine, les charrettes équines et asines. Les semoirs sont les plus nombreux et sont au nombre de 200. Notons que la plupart des équipements agricoles sont enregistrés dans le département de Kanel.

Après les Semoirs, ce sont les houes Sine qui sont plus nombreuses dans la région. En effet, le département de Kanel compte la moitié des houes Sine.

Concernant le matériel agricole lourd, il est composé de :

• Tracteurs : 40 unités ;
• Offsets 28 disques : 40 unités ;
• Remorques 5 tonnes : 40 unités ;
• Moissonneuse batteuse : 01 unité ;
• Rizerie industrielle : 01 unité.

Elevage

Dans la région de Matam, l’élevage constitue l’une des principales activités de la population. Malgré le potentiel animalier très important de la région, le secteur de l’élevage se heurte à de nombreuses contraintes.

Ces contraintes sont d’ordre climatique, alimentaire, sanitaire, génétique, commercial et sociopolitique. A cela, viennent s’ajouter le déficit de personnel technique et le manque d’infrastructures. Le fourrage provenant essentiellement des pâturages naturels est fortement tributaire de la pluviométrie qui n’est plus régulière ces trois dernières années. Ce déficit pluviométrique se traduit par l’absence de conservation des fourrages d’une part, et d’autre part, l’utilisation des sous-produits agro-industriels.

Depuis 2012, l’Etat du Sénégal à travers le Ministère de l’Elevage, a pris en compte le plaidoyer des éleveurs en mettant en œuvre un programme dénommé OSB (Opération Sauvegarde du Bétail) dont l’objectif est d’appuyer les éleveurs pendant les périodes de soudure. Le Ministère de l’Elevage a également mis en place un Fonds d’appui à la stabulation (FONSTAB) pour faciliter l’accès au crédit aux acteurs qui veulent se lancer dans l’élevage intensif.

Ce chapitre présente les services techniques, autres intervenants et infrastructures de l’élevage de la région avant de donner l’estimation du cheptel et la volaille et des mouvements les concernant (entrées et sorties). Il fait également l’état de la situation zoo sanitaire et des résultats de la campagne d’insémination bovine avant de terminer par un diagnostic du secteur de l’élevage.

Pêche et aquaculture

Au Sénégal, le secteur de la pêche a toujours occupé une importante place dans les politiques et stratégies de développement économique et social, par sa contribution significative à la sécurité alimentaire, à l’emploi et à la création de richesse.

Le Plan Sénégal émergent (PSE) qui structure la politique économique et sociale actuelle du gouvernement considère ainsi le secteur de la pêche et de l’aquaculture comme un des piliers de l’économie devant contribuer à la transformation de la structure de l’économie dans le sens de soutenir une dynamique de croissance forte et durable.

Le secteur de la pêche joue un rôle important dans le développement socio- économique de la région de Matam. En effet, la pêche est pratiquée dans deux zones éco-géographiques de la région de Matam : le Daandé Mayo (zone riveraine du fleuve) et le Diéri (zone intermédiaire). Le réseau hydrographique de la région vaste et diversifié, comprend le fleuve Sénégal sur 200 kilomètres de côte, les affluents Dioulol, Diamel, les marigots Pattowel et Gattawel et les centaines de mares au régime permanent ou temporaire. La pêche est conditionnée en grande partie d’une part par la pluviométrie notamment avec les périodes de crue et de décrue et d’autre part par l’organisation sociale interne de la pêche dans les localités riveraines des cours d’eau.

Les infrastructures de pêche sont peu nombreuses dans la région de Matam. Les points de débarquement ne sont pas aménagés et sont très dispersés. En effet, il n’existe pas de nouvelles créations de complexes frigorifiques et d’usines de transformation de produits halieutiques sur la période 2018-2019. Il existe 03 complexes frigorifiques et 02 usines de transformation de produits halieutiques. Notons qu’en 2019, un nouveau marché moderne de poissons a été construit dans le département de Matam. Cependant, le département de Ranérou-Ferlo ne dispose d’aucune infrastructure de pêche sur la période considérée.

La région dispose de 99 sites d’habitation de pêcheurs dont 41 dans le département de Kanel et 58 dans le département de Matam. Sur les 2 709 ménages de pêcheurs et 1 300 pirogues, le département de Matam renferme les 70 % des pêcheurs et 65 % des pirogues de la région. Le reste provient du département de Kanel. Cependant une grande partie de ces acteurs ne disposent pas de pirogues.

Sur la période 2018-2019, une forte hausse de la production de 1 037 569 kg soit 46,4% par rapport à l’année 2018 est notée. Cette hausse abondante est due à l’augmentation de la durée de rétention de l’eau dans les défluents, mares, marigots et dépressions de la région de Matam. Egalement, la valeur de la quantité produite a augmenté sur la période 2018-2019, passant de 2 825 102 550 FCFA en 2018 à 4 260 034 750 FCFA en 2019.

En 2019, les espèces halieutiques débarquées localement sont essentiellement constituées de poissons et proviennent des deux départements de Matam et de Kanel. Il faut noter que la quantité de poisson produite est plus importante dans le département de Matam.

Le secteur de la pêche joue un rôle important dans le développement socio- économique de la région de Matam.

Jadis, la production de la région satisfaisait les besoins de la population en produits halieutiques, mais actuellement, force est de constater une baisse en raison de divers facteurs tels que :

• le déficit pluviométrique ;
• la faiblesse et l’irrégularité des crues ;
• les mauvaises méthodes et pratiques de pêches (utilisation d’engins de pêcheprohibés, de filets de petites mailles non réglementaires) ;
• la modification des régimes des cours d’eau due aux constructions de barrageset aménagements hydro-agricoles ;
• l’absence de textes juridiques harmonisés règlementant la gestion desressources halieutiques dans le fleuve Sénégal qui a un statut international ;
• la surpêche.